L'éveil du théâtre


Une autre pièce que j'ai été voir, mais plus récemment, le jour de mon anniversaire: le 30 Janvier 2014. La date était un hasard ... mais un beau hasard. Quel superbe cadeau d'anniversaire que cette pièce, quelle magnifique surprise, bien loin de la déception, je suis ressorti du théâtre comblé ... et ravagé. 

On arrive là dans la salle et il y a sur scène les acteurs, les comédiens ... non les personnages. Ils discutent, ils bougent. Ils rangent un peu ces affaires étalées partout, les affaires du grand-père tout juste décédé dont l'enterrement vient d'avoir lieu, et auquel le fils et sa femme ont assisté. Ce grand-père dont la maison va être vendue, et qui va pour autant apparaître plusieurs fois dans la pièce. Une apparition à ce père qui va se retrouver écartelé entre tous ses tourments ... Mais quand la pièce commence, on va finir par comprendre qu'il y a quelque chose qui cloche.
Ce grand-père il détend l'atmosphère, il met de l'humour. Ce petit-fils qui apparaîtra bientôt apporte un brin de jeunesse et d'insouciance, on s'identifie et il allège un peu le poids qui nous étouffe ... mais peut-être pas pour si longtemps. Mais oui il y a bientôt cette jeune-fille qui arrive. Cette enfant disparue depuis 10 ans. Cette boîte à chaussures pleine de trésors comme des poignards. Et le secret. L'énorme poids du secret, du non-dit, des mots enfouis et des pleurs refoulés. Une masse qui grandit et grandit et grandit ... et finira bien par prendre trop de place pour l'ignorer.


 Et pourtant ...
Pourtant le plateau est dénudé de rideaux, de pendrillons. On en voit les murs, les cintres, le fond. Et pourtant les personnages ne sortent pas de scène, ils restent juste là au bord de l'espace de jeu, sur une chaise, ou debout, toujours dans leur tourment, toujours en action, toujours dans leur pensée, parce qu'un tel poids sur la conscience remue et ne nous quitte jamais. Et pourtant il y a toute la vie matérielle du grand-père étalée sur scène dans son côté brut (le bois, les têtes d'animaux empaillés, les meubles), et sa fragilité (la vaisselle ...). Et pourtant les couleurs sont peu présentes et laissent place au jeu des acteurs ... aux tourments des personnages.
Oui, tout semble fait pour montrer une transparence totale.
Mais le contraste est bien là. Parce qu'on voit tout, mais on voit tout ce qu'on laisse transparaître, tout ce que nous, humains, acceptons de faire voir. Le reste est caché, dissimulé.

Déconcertant au départ cette mise en scène. Mais intrigante.
Surprenant ce début où j'ai trouvé le jeu presque mauvais. Mais bien vite différent.
Bien vite intense.
Parce qu'on ne sait pas, on se demande ... et il y a les incohérences, les petits détails glissés là qui mettent le doute. Le doute toujours.
Lorsqu'on ressortira de la pièce, c'est empli de ce doute. Qui était vraiment cette fille ? Le fantôme du passé qui ressurgit et qu'il est trop dur de ré accueillir les bras ouverts ou ... un fantôme, vraiment ? Les questions restent là, éternelles parce que l'être humain lui-même est fait de questions et que ces parents mêmes se sont demandés pendant 10 ans: où est-elle ?


 Le texte est puissant, d'une force ravageuse par l'histoire, la situation, les mots. Parce que l'Homme apparaît dans sa noirceur. Parce que l'Homme aussi apparaît dans ses angoisses et ses tourments.
Parce que la bulle de chagrin, de stress, de tension, de mots tus gonfle gonfle gonfle et finit par exploser. Et à ce moment, c'est tout qui explose. Les mots, les discours, l'atmosphère, la famille ... et nos pauvres émotions de spectateur.
Oui, je suis vraiment ressorti de cette pièce ravagé. Chamboulé par un texte à la puissance indéniable. Bouleversé par un jeu d'acteur d'une intensité, d'une sensibilité, d'une justesse poignantes. Touché, ému, ravagé. La pièce m'a trotté dans la tête toute la soirée, tout le lendemain ... et aujourd'hui encore, quand j'y repense, c'est les pensées chaotiques et le cœur serré.


Cliquez pour plus d'informations
http://lespossedes.fr/wp-content/uploads/2013/10/Poss%C3%A9d%C3%A9s_TMA.pdf

Un regard.

  1. Anonyme écrit:

    Là encore, bravo pour ce texte où tu laisses parler l'émotion qui t'a saisi pendant ce spectacle... SJ

Quelques uns de vos mots

Offrez-moi votre regard