L'éveil du théâtre


4 ans déjà depuis le dernier spectacle du Cirque plume. 4 ans depuis l'atelier du peintre, 4 ans qui ont passé et qui ont effacé. De ce dernier spectacle il ne reste que quelques images: un grand trampoline où virevoltent des circassiens, une image finale grandiose où la peinture est maîtresse, où les toiles se percent.
Quel bonheur donc de retrouver le Cirque plume. Quelle impatience.
Un peu d'appréhension. Parce que j'ai vu le cirque Eloize entre temps, parce que cela m'a plu mais un peu déçu aussi, parce que c'est impressionnant mais pas si beau et vivant que certains plus petits cirques.
Alors voilà, presqu'une heure d'avance pour être bien placé, on se pose dans le fauteuil, on ouvre grand ses sensations pour s'apprêter à tout recevoir et on vibre à la vision de ce piano qui, doucement, régulièrement, se rapproche du sol, poussé par le poids de quelques plumes qui lui tombent dessus. Quand enfin le compte à rebours semble achevé, la lumière s'éteint, les artistes entrent en scène.
Le temps a fui depuis le dernier Cirque plume. Pour eux pour moi.
Et le temps fuit tout le temps. Quand on est pris de passion pour un livre, pour un film, pour de la musique ... pour un spectacle, de théâtre, de cirque. Le temps court dans les chemins de passion, il virevolte dans le ciel de nos joies, nos moments de bonheur, nos instants trop courts, trop rapides, mais c'est aussi pour ça qu'ils sont si bons à savourer.
Mais ici ce n'est pas le temps virtuose, le temps qui vole et s'envole et flotte. Ici c'est le temps qui fuit ... il fuit ? Ces moments où le temps n'est que la douceur et la chaleur du sable ne contredisent-ils pas ça ? Le temps n'est-il que l'écoulement trop rapide d'un sable froid et impossible à saisir entre nos mains, si ce n'est quelques grains de souvenirs ? Sommes nous condamnés à supporter son poids sur nos épaules qui se courbent, notre peau qui s'affaisse et qui finalement tombe en poussière ?
Le temps c'est peut-être ça alors. Une cadence incertaine et imprécise, un rythme qui tantôt court et tantôt flotte. Un rythme parfois doux, parfois lent, parfois trop, parfois non. Un rythme parfois rapide et vite vite vite il s'en va et file et on n'en veut plus et c'est jamais assez. Parfois ça tombe alors qu'on s'apprêtait à le tenir éternellement. Et souvent ça dure avant de s'arrêter en douceur. D'autres fois enfin c'est long et bon et on a de la chance et on s'en réjouit.
Le temps est entre tout ça.
Le temps danse.

Et elles dansent les plumes de ce cirque.
Les artistes courent sur la scène.
Les acrobates volent sur des structures aériennes.
Ils sautent, virevoltent et retombent.
Ca va vite et ça s'arrête. Ca traverse la scène dans tous les sens. C'est rapide et c'est lent. C'est torrentiel et c'est doux. C'est tout à la fois.
C'est la danse
la ballade
du temps.


Ne se perd-on pas tous dans le temps ?
N'y a-t-il que ces artistes pour se perdre là entre le tic et le tac ?
 Entre le tic et le tac, il y a nos craintes, nos peurs, nos angoisses. Entre le tic et le tac, il y a nos envies, nos désirs, nos joies et nos peines, ce qui nous poussent à nous relever et à avancer. Entre le tic et le tac, il y  a nous et tout ce qui fait de nous ce que nous sommes.
Entre le tic et le tac nous nous perdons, nous errons, nous choisissons, nous grandissons, nous changeons, nous nous décidons, nous tombont. Et à chaque tic, à chaque tac, on fait un pas.
En espérant que ce soit un pas en avant.
Alors oui le Cirque plume est comme ça. Il se perd et change et tombe et évolue et danse virevolte entre le tic et le tac. Chaque mouvement d'aiguille est une douleur et une joie et chaque mouvement d'aiguille n'est pas un pas en arrière. Ce n'est pas un pas en avant. C'est un pas de danse. Parce que même s'il n'est pas le seul ... :



Le cirque oui, sûrement. C'est du moins ce qu'il veut, ce qu'il cherche, ce qu'il espère, ce pourquoi il vit.
Le cirque Plume sans aucun doute.
Un acte de théâtre, de jeu. Un acte où les acteurs se fondent dans leurs personnages à merveille parce qu'ils doivent être eux-mêmes mais aussi faire ressentir. Beaucoup. Ils adoptent les expressions qu'il faut et tout leur corps respire l'émotion qui atteint le spectateur en plein coeur. Un acte fait de multiples scènes qui s'enchaînent si vite que le temps justement il fuit comme un oiseau. Un oiseau si beau.
Un poème. Des images extraordinaires créées par des décors simples ... mais il suffit de peu justement pour créer beaucoup. Créées par un univers lumineux puissant. Par un univers sonore et musical splendide. Et le tout n'est que poésie. On rit on sent les larmes au coin des yeux on redevient enfant et on grandit et le temps passe passe s'écoule fuit court virevolte. Danse.
Le cirque Plume est un sublime poème en un acte puissamment marquant. De quoi s'en mettre plein les sens ... et toucher à l'éternité entre le tic et le tac de nos vies quotidiennes.


Un regard.

  1. Anonyme écrit:

    Bravo pour ce très beau texte Nathan! SJ

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