L'éveil du théâtre

Pour ceux d'entre vous qui, comme moi, en plus de faire du théâtre, lisent, et notamment des romans pour la jeunesse, vous connaissez sans doute Marie-Aude Murail. L'une des plus grandes auteurs françaises du genre dont les romans, qu'ils soient un peu de fantaisistes, et même fantastiques, sur la vie telle qu'on la connaît quotidiennement, ou à suspense, sont prenants d'un bout à l'autre et justes dans tous les cas.

Ce nouveau roman, tout droit issu de la rentrée littéraire de L'école des loisirs, est particulier pour moi dans le sens où chaque mot, chaque page, chaque personnage et rebondissement sont une déclaration d'amour au théâtre.

Marie-Aude Murail met en scène dans le décor de la vie trois adolescents: Bastien, Neville, et, entre les deux, Chloé. Ils se sont trouvés au collège où ils ont heurté le théâtre. Une pièce montée de façon un peu bancale avec une professeure un peu perdue mais qui est le début, et ce, ils l'ignorent, d'une grande histoire. Ils se sont quittés et leurs chemins se sont détournés les uns des autres. Mais voilà que quelques années plus tard, à l'aube de leurs études et d'une vie encore fraîche de toutes ses promesses, ils se retrouvent, là, dans un conservatoire de théâtre. Une rencontre qui va, doucement mais sûrement, nouer des liens. Une rencontre qui va les mener -peut-être !- avec un professeur mystérieux mais étonnant, jusqu'au conservatoire de Paris.

On suit donc leur évolution avec une grande affection, et une immense addiction. On tourne les pages sans même sans rendre compte. On ne voit plus le temps passer. L'auteure construit des personnages vivants au cœur d'une intrigue dont on ne veut pas voir venir le bout avec une grande justesse et un art de toucher le lecteur délicieux.
3000 façons de dire je t'aime est un murmure dans l'oreille du lecteur, un murmure doux mais qu'on savoure jusqu'au dernier mot où Marie-Aude Murail susurre paisiblement l'amour du théâtre qu'elle éprouve. 3 personnages dignes des plus grandes pièces dans un roman passionnant.

«Chloé. Du courage, Chloé ! Au théâtre on est d'abord un corps, un corps en pleine lumière que dix, vingt, cent, mille personnes regardent et détaillent. Un corps avec des jambes, pose bien tes pieds au sol, voilà. Lâche tes mains, ne cache rien. Tu as un corps avec des seins, tu es un corps de jeune fille. Maintenant, respire, respire...
Chloé était devenue écarlate. Jeanson s'écarta d'elle, après une petite tape sur l'épaule.
Le premier langage est celui du corps. Les mots, ça vient après... »

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