L'éveil du théâtre

Mis en scène par Omar Porras
texte Frank Wedekind

Il ne vous échappera -ou ne vous a pas échappé- que le nom de mon blog ressemble grandement au nom de cette pièce. Il y a bel et bien un lien. J'ai créé ce blog il y a bientôt deux mois je pense, et si je ne m'étais toujours pas occupé de le remplir, de lui donner une forme, une apparence, je lui avais pourtant donné un nom. Voulant choisir un nom qui avait une signification, je me suis tourné vers mon dernier coup de cœur qui est sans doute un peu à l'origine de l'envie de partager non pas en faisant du théâtre mais en parlant du théâtre ... pourtant, je partais voir cette pièce avec des a priori. C'est le fait de voir qu'elle avait pour thème l'adolescence et la sexualité je me suis dit que ça ne me plairait pas ... ce que je ne savais pas aussi c'est que "L'éveil du printemps" a avant tout été écrite par Frank Wedekind en 1891.

Avec quelques personnes de mon groupe de théâtre j'entre dans la salle. Place numérotées, sièges éloignés de la scène. Je ne m’empêcherais pas de préciser que comme la salle était à moitié vide, nous nous sommes donc rapatriés dans les premiers rangs où la vue était bien plus correcte !
La première surprise est de découvrir une scénographie inhabituelle, puisque la scène est pour la plus grande partie recouverte de terre. Aussitôt charmé par cet aspect du décor mais déconcerté par le délabrement des constructions  la représentation ne tarde pas à commencer. 

Et c'est le début d'un moment magique ...

Tout le long de ces deux heures j'ai repensé à ce décor en me disant: qu'est-ce que ça doit être bon de jouer les pieds plongés dans cette terre meuble ! Mais surtout, j'ai été véritablement happé par les émois adolescents de cette bande de jeunes: Moritz, Melchior, Wendla ... pour ne citer que les trois principaux.
En vérité ils sont une multitude de personnages qui se croisent, discutent, s'interrogent sur de nombreux thèmes. La vie, la mort, l'amour, la sexualité, la maternité, l'avortement ... ce sont des thèmes forts qui se révèlent être utilisés avec justesse.
J'ai commencé le spectacle déconcerté par cette arrivée des adolescents à la manière d'écoliers. Je l'ai continué avec un peu de mal à entrer dans l'histoire mais les dialogues de tous ces adolescents, leur jeu d'acteur parfaitement maîtrisé et des tableaux magnifiques où s'accordent avec harmonie la musique, la lumière, l'obscurité et le silence. Je l'ai fini chamboulé. On passe des chocs émotionnels au rire avec une facilité étonnante.

Moritz, l'innocent, le garçon qui travaille dur pour réussir, le meilleur ami de Melchior, celui qui est le plus mûr, et surtout qui est capable de renseigner ce premier sur des choses que les parents, et l'école défendent aux jeunes de parler ... Il est le personnage auquel je me suis le plus attaché. Son innocence et le jeu très juste de son acteur ont fait de lui mon préféré.

Partout dans la pièce, dans la mise en scène on voit des significations; on sent les adolescents qui grandissent, on ressent avec eux les chocs de la vie.Le spectacle en lui-même est un choc. C'est le percussion de multiples univers. La percussion des mots au jeu des acteurs. La percussion des talents de ceux-ci à celui du metteur en scène. La percussion de l'adolescent à l'adulte. La percussion du son et des images. La percussion du spectateur face à un théâtre grandiose. Une mise en scène qui mêle des thèmes durs au rire et à l'émotion. Formidable.



traduction et adaptation Marco Sabbatini
compositeur et direction musicale Alessandro Ratoci
assistant mise en scène Fabiana Medina
scénographie Amélie Kiritzé-Topor
costumes Irène Schlatter
perruques, maquillage Véronique Nguyen
accessoires Laurent Boulanger
son Emmanuel Nappey
lumière Mathias Roche
créé le 09 novembre 2011 au Théâtre Forum Meyrin de Genève

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